1910-1940 : Quel grand écrivain ou artiste américain n’a pas un jour poussé son voyage transatlantique du côté de la Provence et de la Côte d’Azur ? Toute la bande de la « génération perdue » est passée par là : Dos Passos, Hemingway et Fitzgerald qui ont fait d’Antibes leur terre de plaisirs ; chaque été, ils se retrouvaient dans la « villa America » du peintre et dandy Gerald Murphy, enfant chéri de Picasso et de Fernand Léger, et dont Fitzgerald fit le héros- de Tendre est la nuit. Le Sud polarisa les grands marginaux et rebelles de l’Amérique du vingtième siècle. Voir l’écrivain afro-américain Claude McKay qui, promu par les Cahiers du Sud de Jean Ballard, a écrit à Marseille l’un de ses romans phares : Banjo ; ou John Reed qui découvrit en Marseille une ville « romantique », « splendide » et « virile ». La région entière est fréquentée par des artistes pour qui la nature est restée une fabuleuse machine créatrice : On y voit William Glackens, le Renoir américain ; le synchromiste Stanton Macdonald-Wright ; Marsden Hartley hanté par la Sainte-Victoire de Cézanne ; mais aussi Man Ray qui descend sur Marseille pour sa Canebière populaire et bruyante aux couleurs orientales, et son pont Transbordeur, symbole de modernité. Pour ces créateurs, le Sud rime avec Eden. Ils y trouvent une sensation de liberté que leur refuse l’Amérique puritaine, du soleil à profusion, des contrastes de couleurs assourdissants, une nature quasi intacte, et un mode de vie méditerranéen « à l’antique ». Lorsque, brutalement, le paysage s’assombrit. En 14-18 : le Sud fait figure de refuge : Au Cannet, Morgan Russell, l’ami de Cendrars, délaisse pour un temps ses recherches synchromistes pour interroger les maîtres de la Renaissance italienne ; à Nice, Alexander Archipenko sculpte de jeunes femmes au bain dans un langage moderniste sans précédent. Année 1940 : le Sud – devenu zone libre – se transforme en une terre de transit où espoir et désespoir se côtoient. Entrent alors en scène, des personnages à l’étoffe de héros qui mettront leur vie en péril pour sauver des artistes et intellectuels pourchassés par les nazis. Ces héros sont : Varian Fry et son extraordinaire équipe du CAS ; ou bien encore Hiram Bingham. Leur champ d’action sera Marseille. Et tout se finit ou recommence avec Jim Harrison qui semble rouvrir la route du Sud. Depuis la tragédie du 11 septembre, il a encore plus de raisons d’y venir : « Quelle meilleure idée », écrit-il, « que de faire un voyage en France et de lutter contre le terrorisme avec de l’ail et du vin rouge ? » Doit-on dès lors s’attendre à une nouvelle migration artistique ?
Au Sud d'Eden s'appuie sur une documentation largement inédite issue des archives américaines (Archives of American Art, US Holocaust Memorial Museum à Washington D.C, National Archives, MOMA) et françaises (Bibliothèque de l'Alcazar et Archives départementales à Marseille...)
Jocelyne Rotily est historienne de l’art américain. Elle a enseigné à l’Université de Provence et à Harvard. Elle est l’auteur de Artistes Américains à Paris, 1914-1940, paru chez l’Harmattan, et de nombreux articles publiés dans l’Infini, Critique, La Gazette des Beaux-Arts, Le Bulletin célinien, et les Mélanges de l’École de Rome.
ISBN : 2-9524259-0-6
25 € TTC
244 pages
Format 16 x 24 cm
24 illustrations couleur et noir et blanc
Découvrez Au Sud d'Eden à la lecture de quelques extraits
La Villa America de Gerald Murphy
L'aventure cézannienne de Marsden Hartley : corps à corps avec la Sainte-Victoire
Marseille, une ville up-to-date
Quand le Sud devient terre de refuge et lieu de transit
Varian Fry en mission pour l'Emergency Rescue Committee
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Les Lettres françaises, "Le paradis en Provence" par Olivier Sécardin, correspondant aux Etats-Unis Samedi 2 déc 2006 http://www.humanite.fr/journal/2006-12-02/2006-12-02-841447