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ACFA LES ÉDITIONS ACFA - IKTOMI PAR ZITKALA-SA |
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Montage photo © Jocelyne Rotily |
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Collection Le KidEXTRAIT DE LA PRÉFACE : ZITKALA-SA, UNE FEMME SIOUX REBELLE (1876-1938) L’auteur exceptionnelle de ces légendes s’appelait de son nom indien Zitkala-Sa ou « Oiseau Rouge ». Mais elle aurait pu tout aussi bien s’appeler, comme l’héroïne du film Danse avec les loups « Poing dressé », tant son existence fut insufflée par un esprit de révolte sans limites. La fabuleuse histoire de cette femme rebelle qui passa toute sa vie à combattre l’oppression faite au peuple indien commença en 1876, dans le Sud du Dakota, dans une réserve indienne de Pine Ridge.
Portrait de Zitkala-Sa © Smithsonian Institution
Sa mère, Ellen Tate Iyohinwin Simmons, était une Sioux Yankton de pure souche. Son père, dont on sait très peu de choses sauf qu’il abandonna sa famille, était un blanc du nom de Felker. Jusqu’à l’âge de douze ans, Zitkala-Sa vécut avec sa mère et ses deux frères sous un tipi, tout près de la rivière du Missouri. Sa mère, elle s’en souvient dans « Impressions of Childhood » comme d’une femme « silencieuse et triste » qui trois fois par jour allait chercher de l’eau à la rivière. Une mère qui malgré son chagrin contenait toujours ses larmes devant elle. En ce temps-là, Zitkala-Sa se sentait encore « aussi libre que le vent qui soufflait dans sa chevelure ». Elle partait jouer avec ses amis dans les grands espaces verts du Dakota, s’amusant à « chasser les ombres qui jouaient au milieu des collines. » Le soir, autour du feu, à l’heure du repas et parfois jusqu’au crépuscule, elle écoutait, blottie contre sa mère, les légendes racontées par les anciens. Et déjà elle avait un faible pour les histoires d’Iktomi, l’esprit farceur araignée. Mais la vie dans la réserve de Pine Ridge dépendait du bon vouloir des Blancs qui du jour au lendemain pouvaient décider de leur interdire l’accès à la rivière. Que de fois la mère de Zitkala-Sa avait dit à sa fille : les « visage pâles » sont de vils imposteurs. Ils leur avaient volé leurs terres ancestrales, les avaient chassés très loin de chez eux ; sa sœur unique et son oncle étaient morts de maladie pendant cette longue marche qui devait les conduire vers de nouveaux territoires (les réserves) où on leur avait promis le bonheur. Ce fut pour la famille de Zitkala-Sa la première grande imposture. Un jour, alors qu’elle n’avait que douze ans, des hommes « aux grands chapeaux et aux grands cœurs » passèrent dans la réserve de Pine Ridge. C’étaient des Quakers qui travaillaient pour le White’s Manual Institute, une école « intégrationniste » pour les Indiens située à Wabash, dans l’Indiana. Ils lui firent miroiter un voyage au pays des merveilles où poussaient des pommiers magiques qui donnaient de belles pommes rouges. Tous les enfants y avaient droit, disaient-ils, il suffisait de les cueillir… Trompée par leurs promesses, elle supplia sa mère de la laisser partir dans l’Est, sur le grand « cheval de fer ». Et bien que réticente à confier sa fille à des Blancs, elle finit par céder car elle voulait que son enfant soit capable de défendre ses droits dans une société qui, elle en était sûre, serait bientôt dominée entièrement par les visages pâles. Plus vite elle acquérait leur langue et connaîtrait leurs usages, mieux elle se protégerait. Le but du White’s Manual Institute était de « désindianiser » les enfants pour les intégrer dans la société « civilisée » des Blancs. On y enseignait donc la langue et les manières des visages pâles. Couper les longues chevelures noires des filles et garçons entrait dans le processus d’assimilation. Zitkala-Sa dénonça plus tard cette terrible épreuve, décrivant sa propre expérience en ces termes : « Je criais de toutes mes forces, et secouais sans arrêt ma tête jusqu’à ce que je sentis se poser contre ma nuque les lames froides des ciseaux, et les entendis trancher l’une de mes grosses tresses. Je perdis alors mon esprit. Depuis le jour où l’on m’avait enlevée à ma mère, j’avais enduré les pires affronts. Les gens m’avaient dévisagée, ils m’avaient secouée en l’air comme une poupée de bois. Et maintenant on avait coupé ma longue chevelure comme si j’avais agi en lâche.» Lorsque que quatre ans plus tard, l’adolescente retrouva sa mère et ses frères, elle était, comme la plupart des enfants qui avaient vécu ce déracinement, confrontée à une douloureuse crise identitaire. « Elle n’avait rien d’une Indienne sauvage ou apprivoisée ». Mais, malgré ce qu’on lui avait fait subir là-bas dans l’Est (humiliation et punitions injustifiées, négligence de soin), elle n’avait rien perdu de sa pugnacité ni de sa lucidité face aux injustices…. © ACFA Editions (Octobre 2010) Extrait du livre : Iktomi Légendes indiennes - Old Indian Legends par Zitkala-Sa, Marseille, ACFA Editions, 2010. ••UNE ÉDITION BILINGUE POUR LA JEUNESSE ISBN : 978-2-95242-593-3
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